samedi 20 février 2010

l'homme à tête de chou - élements de l'installation du jardin botanique



J’ai mangé les carottes. C’est normal, j’aime ça.

Je regarde souvent la culture à la télévision, ça me fait des rejets, je me remplis d’ennui hypnotique, je crois. Je raconte pas de salades ! Mais bon, ça me détend, ça me berce et je me sens bien.

C’est étrange mais à un certain moment, je sens mes yeux devenir bulbes.

Alors, je me suis regardé dans la glace, il y avait des croûtes de choux, mon visage se fragmentait. Je bleuissais. Mon front était violet, mon cou aussi. Mes veines grisées apparaissaient légèrement.
Ma tête compacte semblait s’effeuiller, mes idées se succédaient sans liens, se superposaient sans se toucher.
Mon visage se recouvrait doucement. Mon regard se vidait dans mon reflet. J’avais l’impression de n’être qu’une image.

Sage comme une image. J’ai failli tomber dans les pommes tellement ça tournait au vinaigre. En fait, on m’a emmené aux urgences pour analyser mon état.
On nous a fait poireauté. Finalement, ça n’a inquiété personne. C’est juste que mon système nerveux autonome s’inactive. Apparemment c’est un cas commun actuellement. C’est pas grave, c’est comme ça. Il ne faut pas en avoir peur, c’est normal, c’est des choses qui arrivent. On fait avec.
Je devais pourtant être rapidement pris en charge. Ils m’ont amené dans une chambre d’hôpital où il fait bon vivre.

Depuis que je suis bout de chou on s’occupe bien de moi ; je n’ai rien à faire. J’aime bien quand on décide pour moi. Dans mon lit je compte les moutons sans m’oublier dedans. Et puis je dors. Ça ne change rien.

Et puis, au moment où je voulus allumer la Télévision, Hortense, ma chère et tendre, débarquait, à son habitude, comme un cheveu sur la soupe.
Je ne suis pas sorti de l’auberge !

Je ne sais pourquoi, quand elle m’a offert ces fleurs, je me suis indigné. Je ne voulais pourtant pas lui prendre le chou, mais c’est que j’ai mis les pieds dans le plat, en lui disant de s’occuper de ses oignons.
En fait je ne voulais pas qu’elle me voie ainsi.
Heureusement, après m’avoir regardé avec ses grands yeux blancs, elle me trouva plutôt chou et j’ai constaté que ses fleurs étaient en plastique. Jolies.

Je trouve son cadeau très beau, mais je doute de sa pertinence ; l’impact du plastique sur les murs allait sûrement être moindre. Peut être que j’étouffe. Les carottes sont cuites.

foule (folle)

ARTEM- plans et projection-suite






Etat des lieux 09
exposition au centre André Malraux

Plans et projections permettent d’exploiter le lieu dans son devenir. Imaginer un espace contingent, des « compossibilités ».

Les reflets environnants du quartier métamorphosent notre approche. Ils forment une présence qui encombre l’espace et le disperse. La végétation envahit la rue. Les différents plans s’imbriquent et notre vision unitaire habituelle se désagrège. Les reflets sont matières à déconstruire le site de manière à construire un questionnement. C’est en quelque sorte un entre deux, un stade équivoque, une « projection » au sens propre comme au figuré. La photographie fige cet instant presque inexistant.

Aucune d’entres elles ne sont retouchées, afin de rendre compte de ma vision telle quel. S’autoriser à les retoucher aurait annulé la perception de l’instant, justement, recherchée pour son honnêteté perturbatrice. Cependant, j’ai choisi de les manipuler à travers leurs présentations. Un format réduit pour capturer davantage d’attention ainsi qu’une observation condensée.

Le regard se concentre pour comprendre, pour distinguer le « vrai » du « faux ». Le regard coordonne les plans, synthétise l’image, recompose l’espace et le construit à sa manière.